Régis Failler

Régis Failler    
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« Je crois que nous conservons pour les arbres un sentiment fondamental de respect. Les arbres, c'est l'élément noble de notre environnement. » Setton Smith

Dans les Jardins de Brocéliande, le fait de penser signifie également l'acte de panser. Si Régis Failler est tant fasciné par les arbres, c'est que leur structure (racine, tronc, branche) est à l'image d'un dipôle de liaison (défini par Julien Pacot dans le « réseau arborescent, schème primordial de la pensée ») qu'il nomme « paysage de dyade géo-philosophique » : Réfléchir dans cet espace transitoire est originel de sa production d'un paysage utopique et c'est pourquoi, dans ces jardins, il intervient à même leur tronc. Poursuivant de son geste artificiel, le mouvement naturel de la croissance d'un arbre, Régis dépose en spirale ses bandes de tricot.

Le temps langoureux nécessaire à la maturation de l'arbre est celui de la répétition de la ligature. Ce temps nécessaire à la prolifération du naturel qui est aussi celui de sa propre production artificielle.

Une telle activité empruntant au savoir faire artisanal porte en elle le schème rhizomatique (dont on ne peut déterminer ni la direction ni l'origine : La ligature est en ce sens un procédé rhizomatique) et pense le paysage en y intervenant et en le manipulant. L'espace pris dans les mailles du tricot est signe d'une respiration commune : celle du geste déjà effectué, celle de l'écorce de l'arbre en devenir. Le temps s'éprouve dans le nomadisme ; se promener avec lui nous le révèle scrutateur avide de la nature, observateur boulimique du monde construisant son territoire.

Régis Failler coud entre eux des fragments du possible devenir et trame en ces endroits qu'il signale, les éléments disparates et cohérents de son propre territoire idéologique.

Ces installations qui prolifèrent sur l'écorce des troncs s'intègrent étrangement aux arbres et modifient notre perception du site. Il s'agit bien de cette forme de sculpture que G.Didi-Huberman nomme « avoir-lieu »,qui ne brouille pas le paysage en s'y rajoutant mais offre à nos yeux une trame qui nous le rend plus « lisible, c'est à dire pensable : que nous pouvons (mieux) voir. » (A.Coulange)

En ces Jardins de Brocèliande, panser peut également signifier penser.

Mia Delmaë
         
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